Depuis le début de l’épidémie de coronavirus COVID 19,  un laboratoire de Fontannes, près de Brioude, produit du gel hydroalcoolique pour les pharmacies. Dans le même secteur, d’autres sociétés viennent de se reconvertir dans la fabrication de masques chirurgicaux.

Cosmetosource est un laboratoire de produits cosmétiques et d’arômes alimentaires bio qui emploie quinze personnes à Fontannes, en Haute-Loire. Depuis dix jours, avec l’épidémie de coronavirus COVID 19, la PME a arrêté toutes ses activités habituelles pour se concentrer sur la fabrication de gels hydroalcooliques.
« On a été sollicités par les pharmacies avec lesquelles on travaille, elles nous demandaient de la matière première, on s’est alors rendu compte que même les plus importantes étaient en rupture de stock pour le gel hydroalcoolique, je me suis dit qu’il fallait qu’on trouve une solution », explique Michaël Klein, le gérant du laboratoire.


Les chimistes ont bénéficié d’un assouplissement des règles pour s’y mettre. L’Agence Régionale de Santé et la préfecture ont demandé au laboratoire de fournir en priorité les personnels soignants, les entreprises en activité, les commerces alimentaires et également les pharmacies pour la vente aux particuliers.


« Actuellement nous produisons 3000 litres de gel hydroalcoolique chaque jour, nous pensons monter à 4 voire 5000 litres très rapidement », poursuit le dirigeant de Cosmetosource, « notre problème c’est la livraison et le stockage de l’alcool nécessaire pour faire le gel ».
La distillerie Pagès du Puy-en-Velay a fourni de l’alcool à 96 degrés au laboratoire, « Nous avons consommé la moitié de leur stock et là je viens de commander encore 4000 litres d’alcool ». « L’information s’est vite diffusée et nous sommes obligés de refuser des demandes », précise le dirigeant, « Je viens de passer une commande pour 60 000 euros de matière première, c’est inhabituel chez nous ! ». 
Cosmetosource s’est organisé pour livrer ses produits sur cinq sites, de Clermont-Ferrand à Sainte-Sigolène. Elle a même été sollicitée par un hôpital lyonnais.


L’entreprise a aussi dû revoir ses process : « Le gel est un mélange d’alcool, d’eau oxygénée, de glycérine et d’eau, nous manipulons des matières dangereuses en grande quantité, nous devons rapeller les règles de sécurité tous les jours et en plus il y a une ambiance de travail très particulière, les salariés sont vigilants pour ne pas se contaminer mutuellement et il y a une certaine anxiété », reconnait le gérant.
« D’habitude nous faisons des petites séries de produits cosmétiques, à forte valeur ajoutée, des jolis produits, là c’est de la production de masse, c’est moins sexy que d’ habitude, ça sent moins bon, il a fallu motiver tout le monde ».
Il pense continuer cette nouvelle activité jusqu’à fin mai, car, selon lui, le retour à la vie normale sera difficile, « les gens seront encore inquiets et ils utiliseront toujours du gel hydroalcoolique ».
Toujours en Haute-Loire, à Brioude et Paulhaguet, Thierry Hayet dirige lui deux ateliers de textile qui emploient une cinquantaine de salariés. En temps ordinaire, ils font des housses de matelas, des rideaux, des coussins pour l’hôtellerie de luxe notamment. Ce lundi 23 mars, les ateliers ont confectionné leurs premiers masques chirurgicaux. 


« Nous avons travaillé en partenariat avec la préfecture qui a validé ces masques en tissu déferlant, lavables et réutilisables », précise le chef d’entreprise.
A la fin de la semaine, il espère pouvoir tenir une cadence de 3000 masques par jour pour grimper ensuite rapidement à 5000. Ces masques seront en priorité destinés aux salariés de l’ADMR (Association d’Aide à Domicile en Milieu Rural) de Haute-Loire qui interviennent chez les personnes âgées, aux employés des sociétés de pompes funèbres, au BTP et au secteur alimentaire.
Comme son voisin de Cosmetosource, Thierry Hayet déclare ne pas vouloir profiter de la situation: « Je pourrais vendre les masques 3 fois plus cher mais ce n’est pas mon choix », dit-il.
Selon lui, cette reconversion rapide a apporté une nouvelle motivation à ses salariés : « Ils étaient tous là ce matin et il y a une bonne ambiance ! . Ils vont même faire des heures supplémentaires !
Le projet de Thierry Hayet, c’est d’essaimer en permettant, toujours en lien avec la préfecture, de créer deux autres ateliers de confection de masques en Haute-Loire. Car il ne sait pas si sa production sera suffisante pour faire face à la crise : « L’ADMR nous a commandé 30 000 masques pour un mois, nous allons voir comment on peut répondre en livrant régulièrement ».


Au Puy-en-Velay, la société D’Ennery, entreprise du patrimoine vivant qui travaille dans le textile et la décoration (couettes, couvre-lits…) s’est mise depuis une semaine également à la confection de masques en tissu. 

« Ce sont des masques à double paroi, lavables, on peut par exemple glisser une compresse entre les deux parois pour une meilleure protection », d’après Geoffroy Millet, le responsable de la PME. Ces masques sont destinés aux personnels non soignants, aux livreurs par exemple. La société en produit actuellement 400 par jour. Et elle a mis en ligne un tutoriel pour aider les particuliers à confectionner leurs propres protections, tout en reconnaissant les limites du produit : « Je ne peux pas garantir le niveau de protection mais c’est mieux que rien », concède Geoffroy Millet. D’après lui, une dizaine d’autres entreprises de Haute-Loire réunies au sein du groupe « Dynamique Textile Habillement » pourraient à leur tour apporter leur concours en fournissant de la matière première ou des masques. Avec la plasturgie, qui continue de produire des films alimentaires en ce moment, le textile reste un autre secteur d’activité important dans le département de Haute-Loire, un secteur comme tous les autres chamboulé par la crise sanitaire que nous vivons et qui essaie de s’adapter à toute vitesse.

 Gérard Rivollier

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